MOT INTRODUCTIF DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DU BENIN A LA RENCONTRE DE SON EXCELLENCE FRANCOIS HOLLANDE, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE FRANCAISE, AVEC LES MEMBRES DES INSTITUTIONS DE LA REPUBLIQUE
Cotonou, le 02 juillet 2015
· Monsieur le Président de la République Française ;
· Mesdames et Messieurs les membres de la Délégation française ;
· Madame et Messieurs les Présidents des Institutions de la République du Bénin ;
· Mesdames et Messieurs les Membres des Institutions de la République du Bénin ;
· Monsieur le Premier Ministre ;
· Mesdames et Messieurs les Ministres ;
· Excellences, Mesdames et Messieurs les Chefs de mission diplomatique et consulaire et Représentants des Organisations Internationales ;
· Monsieur le Médiateur Emérite ;
· Mesdames et Messieurs les Représentants du secteur privé ;
· Messieurs les Représentants des Confessions Religieuses ;
· Mesdames et Messieurs
C’est un honneur pour moi, Monsieur le Président de la République Française, de Vous souhaiter, au nom du peuple béninois et en mon nom personnel, une chaleureuse et sincère bienvenue en terre hospitalière du Bénin.
Au nom des Présidents des Institutions de la République, tous présents à cette rencontre mémorable avec Votre Excellence, au nom des Membres de ces Institutions, je Vous remercie du fond du cœur d’avoir pris sur Votre temps précieux et Votre agenda bien chargé pour répondre à notre invitation en ce moment.
Bien que ce soit un moment de joie, je ne saurais poursuivre mon propos sans vous exprimer les sincères condoléances et la compassion du peuple béninois suite à l’attentat dramatique survenu en Isère le 26 juin dernier. Nos pensées pieuses vont également aux peuples Tchadien, Egyptien et Koweitien qui ont été également endeuillés par les récents attentats terroristes.
Monsieur le Président de la République, Votre visite d’Etat à Cotonou, malgré sa brièveté, traduit la qualité exceptionnelle des relations d’amitié qui lient nos deux peuples, une amitié qui plonge ses racines dans les liens séculaires qui unissent nos deux pays.
- Monsieur le Présidentde la République Française,
- Mesdames et Messieurs les Présidents des Institutions,
de la République du Bénin,
- Mesdames et Messieurs,
C’est le lieu de rendre un vibrant hommage à la Grande France pour son accompagnement et son soutien dans le combat de longue haleine que nous menons pour la sécurité, la paix, la liberté, la démocratie, l’Etat de droit et le développement durable. Pour toutes ces valeurs, le Bénin, mon pays salue votre leadership et celui de votre Grand et Beau pays.
Le Bénin et la France peuvent être fiers de la qualité de leurs relations de coopération qui est en constante progression, plaçant ainsi Votre beau Pays parmi les tout premiers partenaires stratégiques du Bénin.
En cette solennelle occasion, je me félicite de l’excellence de cette coopération multidimensionnelle et multiforme qui unit nos deux pays et nos deux peuples ainsi que nos économies dont le cadre juridique a été redéfini depuis la signature des Accords de coopération de 1975.
Les visites de part et d’autre, notamment celle que je viens d’effectuer dans Votre grand et beau pays, le 9 juin dernier, ont renforcé le dialogue politique bilatéral et montré la convergence de vues entre nos deux pays en matière de Gouvernance mondiale et de résolution des crises internationales.
Au plan de la coopération au développement, le Bénin est fier de figurer sur la liste restreinte des dix-sept (17) pays prioritaires pour l’affectation des moyens les plus concessionnels de l’Aide Publique Française au Développement (APD).
Il me plaît, ici, de rappeler que, dans le cadre du Document Cadre de Partenariat (DCP) pour la période 2006-2010, la France a accordé à mon pays une enveloppe financière qui s’élève à 155 millions d’euros, soit environ 101 milliards de FCFA.
Ces importantes ressources ont été investies dans les trois (03) secteurs prioritaires que sont : l’appui à la Gouvernance démocratique et financière, l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), et l’appui aux secteurs de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Culture. Elles ont contribué au financement de nombreux projets dans les secteurs clés de l’Education, de la Santé, de l’Agriculture, de la Sécurité alimentaire, des Infrastructures, de la Culture, des Finances publiques, de la Décentralisation, de l’Enseignement professionnel et supérieur.
Pour renforcer les acquis de ce programme, nos deux pays ont signé le 29 novembre 2013, le Deuxième (2è) Document Cadre de Partenariat d’un montant de 102 millions d’euros, soit environ 70 milliards de FCFA, pour la période 2014-2016. Ce nouveau programme s’inscrit dans les priorités de la Stratégie de Croissance pour la Réduction de la Pauvreté 2011-2015, et se concentre sur les axes prioritaires que sont : la Gouvernance démocratique, le Développement durable, l’Education et la Formation professionnelle, ainsi que sur les secteurs hors concentration à savoir : la Santé, l’appui au secteur privé, la Culture et la Francophonie.
Au plan militaire et sécuritaire, nos deux pays entretiennent une coopération exemplaire illustrée par de nombreuses réalisations.
Monsieur le Président de la République Française,
Je voudrais saisir cette solennelle occasion pour vous exprimer la profonde gratitude du peuple béninois et de son Gouvernement pour cette contribution de la France en faveur de la promotion de la croissance économique, de la lutte contre la pauvreté et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) au Bénin. Il n’y a pas de doute que ces importantes ressources ont permis à mon gouvernement de mettre en œuvre son programme de sécurité humaine.
Monsieur le Président de la République,
C’est le lieu de rappeler que le Bénin se veut, selon la vision commune de développement partagée dans mon pays et consignée dans les études nationales prospectives à long terme Alafia 2025, « un pays phare, un pays biengouverné, uni et de paix, à économie prospère et compétitive, de rayonnement culturel et de bien-être social ».
Dans la poursuite de ces objectifs, mon Gouvernement a engagé, ces dernières années, des réformes économiques majeures, qui ont permis de rétablir les équilibres financiers et macroéconomiques et de relancer la croissance économique autour d’une moyenne de 6% ces trois dernières années. Notre économie s’affirme de plus en plus comme une économie stable, dynamique et ascendante dans la sous-région. Ainsi, le taux d’inflation est maîtrisé et s’établit à moins 1,1% (-1,1%) ce qui ne doit pas être confondu à la déflation eu égard au niveau de croissance économique qui reste élevé, le taux d’endettement par rapport au PIB est de 35% contre une norme communautaire de 70% et une moyenne de 50% dans l’UEMOA.
Le Bénin au cours de ces dernières années, en raison des réformes opérées, apparaît comme le pays de l’UEMOA où le taux de pauvreté monétaire est le plus bas et fait partie des dix pays du continent attendus pour la réalisation d’au moins cinq des huit OMD.
Le Bénin contribue, par ailleurs, au processus de formulation de l’Agenda de développement post 2015 et des Objectifs de Développement Durable (ODD), portant non seulement sa propre voix mais aussi celle de la sous-région et des Pays les Moins Avancés.
Monsieur le Président de la République,
C’est le lieu de vous remercier pour l’intérêt que vous avez bien voulu porter à la préoccupation exprimée par les Etats membres de l’UEMOA dont j’assure la présidence en exercice, de préserver le niveau du plafond de l’endettement en veillant à la qualité et à la soutenabilité de la dette publique. Nos pays se sont en effet résolument engagés dans des investissements de qualité, dans les domaines des infrastructures, des capacités de production d’énergie qui tiennent compte de la nécessité de préserver l’environnement.
Vous comprenez aisément pourquoi, mieux que par le passé, nous entendons prendre une part active à la session des Nations Unies qui connaîtra en septembre prochain, l’adoption des dix-sept (17) objectifs retenus, lesquels accordent une place de choix aux questions de changements climatiques. Après New York en septembre prochain, la 21ème Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 21) qui se tient dans votre pays du 30 novembre au 11 décembre 2015 reste une échéance cruciale pour engager les pays de la planète autour d’un accord qui limite le réchauffement de la terre à un niveau soutenable pour les générations présentes et futures.
Nous vous félicitons d’avoir pris cette initiative et saluons votre leadership pour parvenir, à cette occasion de la dernière chance, à un accord juridiquement contraignant, prévoyant un financement additionnel et adéquat avec un engagement fort sur l’opérationnalisation du Fonds Mondial du Climat (FMC) afin d’apporter une réponse efficace et adéquate au réchauffement de la planète qui constitue une menace pour la terre.
En participant activement à cette importante rencontre pour l’avenir de l’humanité, les attentes du Bénin portent notamment sur :
· la facilitation de l’accès au Fonds Vert pour le Climat ;
· la garantie de financement de la période Post 2020 ;
· les transferts de technologies et le renforcement des capacités humaines.
Monsieur le Président de la République,
Le Bénin soutient l’initiative de Monsieur Jean Louis BORLOO tendant à assurer l’électrification de tout le continent Africain avec une part importante d’énergies renouvelables dans la perspective de faire passer le taux d’électrification en Afrique subsaharienne de 30 à 80% en dix ans. Ceci permettra en effet au 2/3 de la population africaine d’accéder à l’énergie et à la lumière afin de renforcer leur capacité de production et d’assainir leur cadre de vie. De telles initiatives appellent des résultats concrets à même de contribuer au développement socio-économique, condition sine qua non pour créer suffisamment d’emplois et fixer les populations africaines dans leurs pays respectifs. L’immigration économique pourrait ainsi être freinée et des millions de pertes en vies humaines évitées. Il y va de l’intérêt de l’Afrique et l’Europe.
Je vous sais gré d’avoir encouragé monsieur BORLOO et mis à sa disposition les moyens nécessaires à la réalisation de cet objectif ambitieux qui s’apparente aujourd’hui à un impératif. C’est pourquoi le Bénin souhaite votre leadership et celui de la France pour que l’Agence Africaine d’Electrification fédère partenaires et bailleurs de fonds et mobilise toutes les capacités de financement privées ou publiques, classiques ou concessionnelles, en vue de financer ces objectifs. Mon pays se réjouirait de voir la France prendre la tête d’une coalition globale et internationale en vue de mobiliser les ressources financières nécessaires à la réalisation de ces objectifs nobles ; car l’énergie est le sang de l’économie et elle doit pouvoir entrer dans les ménages de tous les Africains. Enfin, le Bénin se porte candidat et sollicite le soutien de la France pour abriter le siège de l’Agence Africaine d’Electrification.
Par contre dans l’immédiat et pour tenir compte de sa situation de vulnérabilité chronique en matière d’accès à l’énergie, le Bénin voudrait travailler avec la France, dans le cadre de notre coopération bilatérale déjà exemplaire, pour les actions urgentes suivantes :
- la construction d’une centrale solaire d’une capacité de 20 MW ;
- la réfection et la mise en service opérationnel de trois centrales électriques d’une capacité totale de 36 MW ;
- le renforcement de l’expertise de l’Autorité de Régulation du Secteur de l’Electricité ;
- l’informatisation, l’acquisition d’outil de productivité et d’analyse et de renforcement des compétences en matière énergétique.
En effet, nous partageons la vision selon laquelle aucun développement n’est envisageable sans énergie dont la maîtrise est également source d’emploi pour les jeunes et les femmes.
Par ailleurs, compte tenu du potentiel minier du Bénin, mon pays sollicite l’appui financier de la France pour la construction d’un laboratoire de recherches et d’analyses minières.
Au-delà des souhaits que je viens d’exprimer Monsieur le Président, j’exhorte les entrepreneurs Français à être plus présents au Bénin et à y investir massivement dans la réalisation d’infrastructures routières, portuaires, aéroportuaires, énergétiques et de télécommunication.
Excellences, Mesdames et Messieurs ;
Dans le but de consolider les progrès réalisés, mon Gouvernement entend accélérer le rythme des réformes en cours. A cet effet, avec l’appui de qualité de toutes les autres Institutions de la République, il travaille activement à créer l’environnement juridique et institutionnel nécessaire pour faciliter l’accès des micros et petites entreprises au financement, notamment bancaire et assurer la dématérialisation des procédures de pré-dédouanement.
Je voudrais également mentionner que mon Gouvernement, avec le soutien de ses partenaires au développement, s’emploie résolument à améliorer la gouvernance au Bénin, à travers la lutte contre la corruption sous toutes ses formes, la transparence et la reddition des comptes, la mise en place d’institutions solides. A ce titre, nous nous réjouissons des progrès enregistrés en 2014 et soulignés par l’ONG Transparency International qui a indiqué que le Bénin a fait un important gain de 14 points. Le Bénin est décidé à poursuivre ce combat avec le concours d’une justice véritablement engagée et dans le cadre d’une coopération judiciaire renforcée.
Au cours de la même année, le Rapport « Doing Business » 2015, publié le 29 octobre dernier par la Banque Mondiale, souligne que le Bénin est le pays qui a connu la plus forte progression du classement, soit une progression de 23 points.
Ces résultats viennent ainsi confirmer les félicitations de la communauté internationale reçues lors de la Table Ronde pour le financement du développement du Bénin, que mon Gouvernement a organisée du 17 au 19 juin 2014à Paris, et qui lui a permis d’obtenir des engagements de plus de 11 milliards d’euro. Depuis cette rencontre, mon pays est à pied d’œuvre pour la mobilisation effective de cette importante ressource et les partenaires se sont déjà engagés à nous accorder 4 milliards d’euros soit un taux de décaissement qui avoisine 20 à 30%.
Monsieur le Président de la République,
Ces performances ont été rendues possibles grâce à une gouvernance politique, économique et institutionnelle remarquable, avec la collaboration avisée des Institutions de la République, dans le respect bien entendu des dispositions constitutionnelles et du principe de la séparation des pouvoirs et la participation appréciable des acteurs publics, privés et sociaux.
En effet, seule une croissance inclusive, résiliente et soucieuse de l’environnement pourrait donner un contenu économique à notre démocratie qui s’en trouvera davantage renforcée. Ma conviction est donc que nous pouvons briser le cercle vicieux de la pauvreté et renforcer les bases d’un développement socio-économique harmonieux et durable.
Monsieur le Président de la République
Le peuple béninois reste jaloux des acquis démocratiques de la Conférence Nationale des Forces Vives du 11 Février 1990. La stabilité politique et constitutionnelle ainsi que l’organisation d’élections transparentes, crédibles et démocratiques témoignent de la vitalité de notre démocratie. L’organisation pacifique et transparente des dernières élections législatives, communales et municipales, ayant permis de renouveler les membres de l’Assemblée Nationale et les conseillers communaux et municipaux en est une parfaite illustration.
Pour parachever ce cycle électoral dans la paix et la stabilité, les élections présidentielles dont le premier tour est prévu pour le 28 février 2016 viendront consacrer l’alternance démocratique au sommet de l’Etat.
Monsieur le Président de la République,
Votre visite se tient dans un contexte difficile en ce qui concerne l’état de la paix et de la sécurité sur notre continent, en raison notamment de l’extrémisme religieux, du terrorisme, de la criminalité transfrontalière et de la piraterie maritime, autant de manifestations ostensibles qui menacent nos jeunes démocraties africaines.
C’est l’occasion de vous inviter aux côtés de vos pairs à appuyer la position de l’Union Africaine et de demander à la communauté internationale de soutenir la mise en place de la Force Multinationale Mixte (FMM) contre BOKO HARAM et au Conseil de Sécurité d’adopter une résolution qui approuve son déploiement et autorise la création d’un fonds d’affectation spéciale pour assurer la pérennité de ses opérations.
Je voudrais, une fois encore, Vous rendre, au nom du peuple béninois, un vibrant hommage pour le rôle remarquable que joue aujourd’hui la France, sous Votre leadership éclairé, pour la paix et la stabilité en Afrique. Il me plait de souligner combien votre sens de responsabilité s’enracine bien dans la riche tradition de la France de défense des valeurs de liberté, de démocratie et des droits de l’homme. L’Opération Serval, la mise sur pied de la Mission internationale de Soutien au Mali (MISMA), de la MINUSCO en Afrique centrale et de la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali (MINUSMA), la remise en route du processus démocratique et de la réconciliation nationale, sont autant d’actions suscitées et soutenues par la France pour le retour de la paix et de la sécurité dans ces pays frères et amis.
Le Bénin quant à lui a lancé l’initiative africaine d’éducation à la paix par le dialogue interreligieux et interculturel, une contribution à la résolution pacifique des crises et des conflits.
Au-delà de l’aspect militaire, la paix peut en effet se construire sur la base du dialogue surtout lorsqu’elle est remise en cause pour des raisons religieuses et c’est aussi le lieu de remercier le frère Melchior qui s’est investi sur cette question et a su aider le Bénin à organiser le dialogue interreligieux auquel vous avez envoyé un représentant qui a rehaussé de sa présence cette conférence.
Monsieur le Président de la République,
Vous êtes ici au Bénin chez vous, ce Bénin qui partage avec la France les valeurs du monde libre. Toutes les institutions ici présentes concourent à l’enracinement de celles-ci. Je me réjouis de ce que nous sommes en train d’écrire ensemble en ce moment une page mémorable des relations entre nos deux pays. Je souhaite qu’elle soit constamment entretenue et enrichie.
Monsieur le Président de la République,
Je ne saurais terminer sans vous exprimer ma très profonde gratitude pour la distinction de Grand-Croix de la Légion d’honneur dont vous avez bien voulu honorer ma modeste personne.
Je la dédie au peuple béninois.
Monsieur le Président de la République,
Enfin, je salue une fois encore votre leadership monsieur le Président et le Bénin sait pouvoir compter sur vous et la France pour la construction d’un nouveau monde parce qu’on aura réussi à relever les défis des changements climatiques et de la question de la gestion équitable de notre monde par un système des Nations Unies rénové où l’Afrique a toute la place qui lui revient.
Les membres des Institutions de la République ainsi que tout le peuple béninois sont impatients de Vous entendre.
Je vous remercie de votre bienveillante attention.