La visite d'Etat de 48 heures au Bénin du président français François Hollande constitue une occasion exceptionnelle pour le renforcement de leur coopération séculaire. Elle a aussi permis au Président français de dire toute sa satisfaction de l'expérience démocratique en cours au Bénin.
Le Bénin et la France écrivent une nouvelle page de leur coopération vieille de plusieurs décennies. La visite ce 2 juillet du président français en terre béninoise marque d'un sceau particulier la complicité entre ces deux nations qui partagent les mêmes valeurs de démocratie, de libertés fondamentales et de droit de l'homme. Boni Yayi et François Hollande l'ont amplement rappelé au cours de leur rencontre au palais de la République avec les institutions de la République.
"Je voulais venir ici aussi parce que vous êtes une référence, en matière d'alternance démocratique. Si je viens ici, c'est aussi pour montrer qu'il y a des exemples à donner. Avec trois alternances en vingt cinq ans, avec des institutions qui fonctionnent, avec une constitution toujours respectée, avec des élections régulières, ce sont autant de preuves que le Bénin a réussi non pas sa transition démocratique, mais à donner à ses institutions une pleine tradition démocratique", se rejouit-t-il. Pour lui, le respect de la constitution est un signe de respect du citoyen, tout comme le respect du verdict des urnes est une marque de maturité démocratique. François Hollande a saisi l'occasion pour appeler les pays africains à s'inscrire à l'école du Bénin, pour asseoir les bases d'une véritable démocratie gage du développement. S'agissant de la sécurité, le président français a salué les efforts déployés par les pays africains dans leur croisade contre le terrorisme. Il a particulièrement loué le leadership du président Boni Yayi, alors président en exercice de l'Union africaine, dans le démantèlement des réseaux djihadistes au nord-Mali. L'initiative béninoise sur le dialogue inter religieux prouve à ses yeux, la vision éclairée du Bénin en matière de lutte contre le terrorisme et l'extrémisme religieux. "Lorsqu'un peuple est attaqué, il faut une réponse commune. La France défend sa sécurité, parce que ce qui se passe en Afrique a des conséquences en France. Mais elle est aussi solidaire" soutient le président français tout en reconnaissant au passage, la contribution de l'Afrique à la défense de la France lors des deux guerres mondiales.
Clin d'œil à la conférence de Paris!
Sur la question de la protection de l'environnement, François Hollande fait de la conférence de Paris sur le climat un enjeu capital. A cet effet, il lance un appel au continent africain à se rallier à cette rencontre mondiale, destinée à établir un nouvel ordre environnemental. Pour lui, au delà de notre cadre de vie, la question environnementale revêt aussi un enjeu économique. "Ce sont pêcheurs qui voient leur ressources disparaître, les paysans qui voient leurs terres se dégrader" fait-il remarquer. Les projets en matière d'énergie, des technologies nouvelles, des infrastructures, etc ne peuvent plus être envisagés sans intégrer la question environnementale. Il exhorte particulièrement les pays en voie de développement, dont le Bénin a mettre cette question au fronton de leurs priorités, au vu des avantages qu'elle représente pour l'accélération de leur processus de développement. "C'est l'affaire de tous, c'est pourquoi la France a pris cette responsabilité. Nous avons besoin de l'Afrique et l'Afrique à besoin de la conférence de Paris pour que nous puissions nous développer ensemble, prospérer ensemble, protéger ensemble notre environnement", insiste-t-il. Plaçant la ville au cœur du projet écologique de demain, il annonce la mise en œuvre d'un projet urbain de l'ordre de 20 milliards en faveur de Cotonou et Porto-Novo, avec comme axes majeurs, la lutte contre le réchauffement climatique, la protection des lagunes, la réhabilitation des zones précaires, etc.
Pour le Chef de l'Etat béninois, cette visite offre l'occasion au Bénin, de rendre hommage à la France pour son accompagnement et son soutien dans le combat de que mène l'Afrique pour la sécurité, la paix, la liberté, la démocratie, l'Etat de droit et le développement durable. Au plan de la coopération bilatérale, le président béninois exprime ses gratitudes a la France pour avoir inscrit le Bénin au rang des 17 pays bénéficiaires des ressources concessionnaires de l'Aide publique française au développement (Apd). Une enveloppe de 101 milliards et de 70 milliards de francs Cfa a été accordée au Bénin pour le financement de ses secteurs prioritaires, respectivement au titre des programmes de 2006-2010 et de 2014-2016. Sur le continent, Boni Yayi salue le rôle déterminant joué par la France aux côtés de pays africains, dans leur lutte contre le terrorisme. Il a saisi l'occasion pour solliciter de François Hollande et de ses pairs occidentaux un appui conséquent à l'Union africaine dans la mise en place de la Force multinationale mixte (Fmm) contre Boko Haram au Nigeria et plus généralement d'une force d'intervention.
Autres temps forts de la visite
La visite au Bénin du président français a démarré dans la matinée par un tête au palais de la République entre les deux Chefs d'Etat. La rencontre s'est ensuite élargie aux délégations des deux pays et a permis de passer en revue la coopération bilatérale entre la France et le Bénin. Deux accords ont été signés, respectivement en soutien à l'enseignement secondaire et à la formation des responsables du Centre Songhaï. Au terme de cette rencontre, François a été distingué dans l'ordre national du Bénin ala dignité de Grand croix. En retour Boni Yayi a reçu des mains de son homologue français, la distinction de Grand officier de la légion d'honneur française. La visite à la Blue zone du groupe Bolloré à Zongo et et au Centre le lutte intégré contre le paludisme (Clip), une rencontre avec les ressortissants français au Collège Montaigne et un déjeuner d'affaires sous la houlette du Premier ministre béninois Lionel Zinsou sont les autres étapes ayant meublé cette courte visite, mais bien achalandée.
François Hollande et sa delegation ont décollé en début d'après-midi de l'aéroport de Cotonou à destination de Luanda, deuxième étape de la tournée africaine du président français.
Bruno OTEGBEYE (Cell.Com/PR)