UNION ECONOMIQUE ET MONETAIRE
OUEST AFRICAINE
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LA CONFERENCE
Réunion des Premiers Ministres des Etats membres de l’UEMOA sur la revue annuelle des réformes, politiques, programmes et projets communautaires
Discours de Son excellence Dr BONI YAYI
Président en exercice de la Conférence
Cotonou, le 15 janvier 2015
Messieurs les Premiers Ministres des Etats membres de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) ;
Mesdames et Messieurs les Ministres ;
Monsieur le Président du Conseil des Ministres de l’UEMOA ;
Mesdames et Messieurs les Présidents des Institutions de la République ;
Monsieur le Président de la Commission de l’UEMOA ;
Monsieur le Gouverneur de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest ;
Monsieur le Président de la Banque Ouest Africaine de Développement ;
Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement ;
Honorables Députés à l’Assemblée Nationale ;
Excellences Mesdames et Messieurs les membres du Corps Diplomatique et Représentants des Organisations internationales et Régionales ;
Honorables Invités ;
Mesdames, Messieurs,
Le Peuple et le Gouvernement béninois éprouvent, en ce moment précis, un réel plaisir en vous accueillant à Cotonou, à l’occasion de cette première Réunion des Premiers Ministres et Chefs de Gouvernement de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA).
Je suis heureux de vous souhaiter, en leur nom, la cordiale bienvenue à Cotonou, pour une rencontre d’échanges sur la marche du processus d’intégration que nous conduisons dans notre sous-région, depuis une vingtaine d’années.
Je voudrais saisir cette opportunité pour souhaiter mes vœux de bonne santé pour vous-mêmes, paix et prospérité pour nos Etats et de grands succès pour le développement de notre Union.
Messieurs les Premiers Ministres,
Votre présence à Cotonou témoigne éloquemment de toute la disponibilité et de l’engagement de nos Etats, à relever le défi de l’intégration dans notre espace. En effet, cette rencontre que nous avons initiée, dans le cadre de mon mandat de Président en exercice de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’UEMOA, vise d’abord et avant tout, à donner une impulsion politique suffisante à l’action et aux initiatives prises au plan régional par nos institutions, et qui doivent être intégrées dans notre démarche au quotidien.
Il s’agit spécifiquement de partager avec vous les modalités de conduite de la Revue annuelle des réformes, politiques, programmes et projets communautaires, instituée par la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement, au cours de sa 17ème session, le 24 octobre 2013 à Dakar.
Cet exercice que vous êtes amenés, en tant que Premiers Ministres ou Chefs de Gouvernement, à coordonner dans vos pays respectifs, procédera à une évaluation annuelle de l’état d’application des décisions prises par l’Union, afin de permettre aux Chefs d’Etat dont la réunion de travail est prévue ici, à Cotonou le 19 janvier 2015, de disposer d’informations précises et de donner des orientations pour l’avancement significatif du processus d’intégration.
Messieurs les Premiers Ministres,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Vingt ans après la création de l’UEMOA, de grandes avancées ont été faites dans le cadre de l’intégration de nos économies. D’importantes politiques et réformes ont été adoptées, sur les plans institutionnel, macroéconomique et sectoriel, en vue de l’accélération de l’intégration de nos pays.
Mais force est de reconnaître que leurs appropriation et application est insuffisante ; et comme le prouvent bien des études récentes sur l’intégration régionale, la lenteur dans la mise en œuvre des mesures communautaires, prive nos économies d’un à deux points de croissance économique supplémentaires.
C’est donc pour améliorer le potentiel de croissance de nos économies que j’ai décidé de placer mon mandat à la tête de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union, sous le signe d’une accélération de la mise en œuvre des réformes et politiques communautaires, afin que les populations perçoivent clairement l’utilité et la pertinence des engagements politiques pris par les pères fondateurs de l’Union, il y a maintenant deux décennies.
Messieurs les Premiers Ministres,
L’intégration doit cesser d’être une nébuleuse, une rhétorique, une affaire aux mains essentiellement de bureaucrates, de chercheurs ou d’universitaires, pour être à la portée des populations. Il s’agit d’offrir plus de visibilité à l’action communautaire dans nos pays respectifs et d’améliorer la perception actuelle des populations qui ont des difficultés à identifier les effets de cette stratégie de développement sur leur environnement, leur quotidien et leur bien être.
La non application des dispositions communautaires, les entorses diverses aux règles que nous avons adoptées, constituent des freins au processus d’intégration que les récriminations, les protestations des usagers et de la société civile, notamment des média semblent ne pas ébranler outre mesure. Ces faits réduisent considérablement la compétitivité, pénalisent en amont l’activité de production et limitent les échanges commerciaux de nos produits. Il devient ainsi difficile de promouvoir une croissance forte, durable et créatrice d’emplois pour les jeunes dans nos Etats.
Dans ces conditions, il est à craindre que l’ambition de créer un marché commun ouvert et concurrentiel ne soit un leurre. On ne peut d’ailleurs pas exclure que dans un contexte de crise économique profonde, la tendance au sabordage et à la remise en cause des acquis réalisés dans le cadre du processus d’intégration, soit forte et se révèle très nuisible.
C’est cette crainte qui, entre autres, justifie l’importance de la revue annuelle instituée par la 17e session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement, le 24 octobre 2013.
Aussi a-t-il décidé d’impliquer directement les Premiers Ministres, dans leur rôle de supervision de l’action gouvernementale, dans le processus d’approfondissement de l’intégration régionale dans notre sous-région.
J’attends de votre implication directe la mise en œuvre effective des dispositions communautaires dans nos Etats. Cette contribution serait du concret et pourrait certainement entrainer davantage l’adhésion des populations.
Ensuite, il serait utile que votre implication se traduise par la conception et la mise en œuvre de projets intégrateurs, notamment au plan des infrastructures routières et énergétiques dont les populations se sentiraient bénéficiaires et qui contribueraient directement à leur mieux-être. Ces réalisations concrètes, à mon avis, aideraient à surmonter le scepticisme des populations dans la mesure où le processus d’approfondissement de l’intégration dans l’Union a besoin de leur adhésion enthousiaste et confiante.
Ce faisant, vous contribuerez à renforcer, avec plus d’efficacité j’en suis sûr, l’activité multidimensionnelle mise en œuvre par les Institutions régionales, à savoir la Commission, la BCEAO et la BOAD, à travers des réformes et des politiques communautaires.
Messieurs les Premiers Ministres,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Il vous revient désormais de mieux assurer le suivi des actions des Ministres des Finances, Ministres de tutelle au sens du Traité de l’UEMOA, afin que les réformes et politiques sectorielles soient appliquées.
Je voudrais donc vous exhorter à vous investir dans ce chantier de l’intégration régionale, qui n’est pas, je le sais très bien, nouveau pour vous. C’est à cette tâche que je vous invite. Il nous faut nécessairement renforcer ce bien public et cet espace de solidarité agissante qu’est l’UEMOA, en vue d’un progrès partagé dans notre sous-région et de la déclinaison de perspectives heureuses pour les générations à venir.
Les performances économiques des trois dernières années prouvent bien que les stratégies d’accélération de la croissance et les plans de développement mis en œuvre dans les pays sont porteurs d’espoir. Parallèlement, il nous faut tout mettre en œuvre pour capter le surplus de croissance générée par l’intégration régionale, afin de nous situer durablement au-dessus de la moyenne des pays en Afrique subsaharienne, voire des pays africains dits ‘’leaders’’.
C’est sur cette note positive que je déclare ouverte la première réunion des Premiers Ministres ou Chefs de Gouvernement des Etats membres de l’UEMOA, sur la revue annuelle des réformes, politiques, programmes et projets communautaires.
Vive l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine !
Vive l’intégration sous régionale !
Je vous remercie.