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Discours du Chef de l’Etat à l’ouverture des consultations régionales du Panel des Eminentes Personnalités sur l’avenir du Groupe ACP

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Son Excellence Monsieur Olusegun OBASSANJO, Président du Panel des Eminentes Personnalités ACP sur l’avenir du Groupe ACP et Cher Aîné, Madame et Messieurs les Présidents des Institutions de la République, Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement, Mesdames et Messieurs les Députés, Monsieur le  Secrétaire Général du Groupe ACP, Mesdames et Messieurs les Chefs de mission diplomatique et consulaires et les Représentants des Organisations Internationales, Eminentes Personnalités du Panel, Chers participants, Honorables Invités, Mesdames et Messieurs,

Treize ans après la signature le 12 juin 2000 de l’Accord de partenariat ACP-UE de Cotonou, mon pays, le Bénin s’honore d’accueillir à nouveau, ce jour 15 janvier 2014, les consultations régionales du Panel des Eminentes Personnalités pour l’avenir du Groupe en Afrique de l’Ouest.

 

Vous comprenez alors toute la fierté du Peuple béninois et de son gouvernement d’abriter cette importante rencontre. Je voudrais donc au nom de la Nation vous exprimer mes chaleureux et fraternels souhaits de bienvenue et d’agréable séjour en terre hospitalière du Bénin, fortement attaché au renforcement et à la  consolidation du Groupe des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique dont il est fier d’être membre.

 

Il me plaît particulièrement de saluer et de remercier de tout cœur mon aîné, Son Excellence Monsieur Olusegun OBASSANJO, ancien Président de la République Fédérale du Nigeria et digne fils de l’Afrique pour sa contribution active et constante en faveur de la stabilité, de la sécurité, de la paix, de l’unité de la solidarité, gages du développement de notre  continent. C’est l’occasion de le féliciter et de lui renouveler notre reconnaissance pour avoir accepté de diriger ce panel et je lui souhaite plein succès dans l’accomplissement de sa mission.

Je salue également du fond du cœur, toutes les éminentes personnalités ainsi que les délégués ici présents pour leur participation à cette importante consultation qui renforcera, j’en ai la conviction, l’adhésion de la Région Afrique de l’Ouest aux nobles idéaux et valeurs du Groupe  ACP.

 

Excellence Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

Les présentes consultations interviennent à un moment crucial et déterminant pour notre Groupe et son devenir. En effet, comme vous le savez tous, de profondes mutations politiques, économiques, sociales et environnementales sont en cours au plan international durant ces dernières années. Ces mutations induisent au sein de nos Etats et de nos régions de nombreux défis qui nous interpellent et appellent de notre part des actions vigoureuses appropriées en vue de repositionner notre organisation dans ce nouveau contexte.

 

Dans cette optique, le Groupe ACP a déjà entrepris une profonde réflexion sur ses perspectives d’avenir au-delà de 2020. Nos consultations régionales offrent donc des opportunités de formulation de recommandations et d’orientations stratégiques sur l’avenir du Groupe ACP. C’est à cette fin que le groupe d’éminentes personnalités a été constitué pour conduire la réflexion sur l’avenir des ACP.

 

A cet égard, je me félicite des conclusions pertinentes et fort encourageantes issues des consultations déjà tenues dans les Régions du Pacifique et des Caraïbes,  à Samoa et à Grenade.

 

Excellence Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

Au regard des différents thèmes retenus pour vos travaux, vous aurez l’occasion de vous pencher sur le devenir de notre organisation commune en vous fondant sur une analyse rétrospective objective.

 

Comme vous le savez, le Groupe ACP constitue aujourd’hui la plus grande organisation intergouvernementale transrégionale de pays en développement regroupant quatre-vingt (80) Etats du Sud, unis par des liens historiques et culturels et mus par des valeurs de solidarité. Cette importance numérique du Groupe, ajoutée à sa diversité, devraient constituer un atout précieux et une  force politique indéniables sur la scène internationale, face à des enjeux de développement, autant de facteurs qui ont fait de lui un partenaire et un interlocuteur privilégié de l’Union Européenne depuis le traité de Rome de 1957.

 

Les relations entre le Groupe ACP et l’Union Européenne sont donc anciennes et constituent, de l’avis de beaucoup d’observateurs, le modèle de partenariat Nord-Sud le plus vaste, le mieux structuré et le plus efficace, basé sur des liens historiques, des valeurs partagées telles que la démocratie, le respect des droits de l’homme, l’Etat de droit, la bonne gouvernance, le dialogue politique et des obligations mutuelles en vue d’un développement co-responsable.

 

Mais malgré ces avantages, force est de souligner que la majorité des Etats ACP est classée dans la catégorie des pays les moins avancés de la planète représentant ainsi seulement 2% du Produit Intérieur Brut Mondial contre 28% pour l’Union Européenne et 7% pour la Chine. Ils diffèrent certes, par leur niveau de développement et d’intégration dans le système économique international, mais sont en général caractérisés par un niveau élevé de vulnérabilité de leur économie. Il convient d’ajouter que nombre de ces pays sont en situation de post-conflit.

 

Il en découle que la réduction sensible de la pauvreté, voire son éradication ainsi que l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement à l’horizon 2015, constituent des préoccupations cruciales pour nos Etats.

 

Excellence Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

 

Les relations ACP-UE sont aujourd’hui à un tournant décisif de leur existence. L’entrée en vigueur en 2009 du Traité de Lisbonne, notamment l’absence de référence explicite au Groupe ACP dans ce traité et l’élargissement de l’Union à des Pays n’ayant pas d’affinités historiques avec les Etats ACP constituent des éléments et des faits importants qui doivent nous interpeller.

 

Le Groupe ACP évolue, depuis quelques années, dans une grande incertitude en ce qui concerne l’avenir de son partenariat avec l’Union Européenne. Plusieurs éléments témoignent aujourd’hui de la volonté de changement et de réorientation du partenaire européen dans sa relation avec le Groupe. Fort de cela, nous devons pouvoir opérer des changements en notre sein, redonner à la notion de groupe tout son sens et toute sa plénitude, conformément à l’esprit et à la lettre de l’Accord de Georgetown de 1975.

 

C’est le moment de nous interroger sur les acquis et réalisations de notre groupe en tant qu’entité internationale réunissant quatre-vingt (80) Etats et Nations de l’hémisphère sud.

 

  • Qu’avons-nous fait de cette force du nombre que nous constituons ?

 

  • Existe-il réellement aujourd’hui un mouvement ou une identité ACP partagée par toutes les composantes et fondée sur des valeurs et des objectifs communs ?

 

  • Le groupe ACP garde-t-il encore aujourd’hui sa pertinence dans son état actuel ?

 

  • Existe-t-il réellement un partenariat intra-ACP soutenu par des liens, des institutions et des échanges sur les plans économique, culturel, scientifique et technologique, de manière à promouvoir une véritable coopération Sud-Sud entre les différentes entités et régions de l’espace ACP ?

 

Excellence Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

 

La réponse à ces différentes questions doit pouvoir nous permettre d’orienter nos réflexions au cours de ces trois (03) jours de travaux en vue de parvenir à des propositions concrètes et réalistes visant à mieux forger notre avenir centré sur un destin commun aux Peuples d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique.

 

Le 7è Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement du Groupe ACP, tenu à Malabo en décembre 2013 a jeté les bases de la renaissance et de la transformation de notre organisation commune. Les pertinentes recommandations de ce sommet ont pour finalité de permettre aux pays ACP de relever les importants défis auxquels ils sont confrontés, à savoir : la paix et la sécurité, le changement climatique, la sécurité alimentaire, l’énergie, la promotion du secteur privé et le développement industriel créateur de valeurs ajoutées.

 

La renaissance et la transformation de notre organisation commune induisent également quelques interrogations.

 

- Quels peuvent être les fondements d’une organisation de type nouveau capable d’entretenir une meilleure coopération avec l’Union Européenne pour un partenariat stratégique plus renforcé et mutuellement avantageux ?

 

- Le Groupe ACP aurait-il la volonté et la capacité de survivre après 2020 si l’Union Européenne décidait unilatéralement de mettre fin à sa coopération avec lui ? Sommes –nous préparés à assumer des responsabilités plus grandes au plan financier en vue d’une appropriation progressive de notre organisation ?

 

- Si l’Union Européenne devait maintenir le statu quo avec les ACP après 2020, quels seraient les atouts du Groupe ou les situations qui aujourd’hui militeraient en faveur d’une telle décision ?

 

- Comment le Groupe ACP pourrait-il se rendre plus attrayant et plus utile pour l’Union Européenne en vue d’un partenariat stratégique plus renforcé dans un monde en pleine évolution et confronté à de nouveaux défis ?

 

- Quelles sont les mutations que le Groupe ACP doit consentir en vue d’attirer de nouveaux partenaires, autres que l’Union Européenne dans sa lutte contre la pauvreté, la mauvaise gouvernance, l’insécurité et l’instabilité politique ?

 

 

Excellence Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

 

L’avenir de notre groupe et de sa relation avec l’Union Européenne dépendra des éléments de réponse que nous apporterons à ces questions  qui se résument en quatre (04) points :

 

ü le statut du groupe au-delà de 2020 ;

ü la nature de sa relation future avec l’Union Européenne ; et

ü  les fondements institutionnels de la relation qui devrait exister entre les membres du groupe stricto sensu ;

ü Les perspectives pour une coopération avec d’autres partenaires.

 

C’est le lieu de saluer l’élaboration par le Secrétariat d’une stratégie pour le renouveau et la transformation du groupe ACP à l’horizon 2014. Cette stratégie vise une restructuration administrative globale et un repositionnement du groupe en vue de renforcer son impact et d’améliorer les résultats de ses actions.

 

Je saisis cette occasion pour féliciter notre frère Alhaji Muhammad MUMUNI, Secrétaire Général des ACP ainsi que son prédécesseur, notre frère et ami, le Docteur Mohamed Ibn CHAMBAS, tous ici présents pour leur contribution permanente et de qualité en vue de donner à notre groupe une impulsion et une dynamique nouvelles dans cette œuvre de renaissance.

 

Cette entreprise de restructuration pour laquelle l’Afrique de l’ouest et mon pays, le Benin, marquent leur adhésion prévoit plusieurs actions à engager, notamment :

 

  • le renforcement du Secrétariat à travers ses capacités humaines, institutionnelles, financières et opérationnelles ;
  • l’acquisition d’un nouvel immeuble pour abriter le siège du groupe à Bruxelles ;
  • l’amélioration de la visibilité du groupe à travers des activités de communications en direction du public et une participation plus remarquable aux grandes rencontres internationales ;
  • la création d’une banque d’investissement ACP ;
  • la mise en place progressive d’une zone de libre-échange ;
  • la révision des instruments juridiques qui sous-tendent l’existence du groupe comme organisation internationale, y compris l’Accord de Georgetown.

 

Ces idées fortes et déterminantes doivent devenir notre bréviaire et constituer une source d’inspiration pour les orientations nouvelles qui résulteront des consultations de Cotonou pour l’Afrique de l’Ouest.

 

Excellence Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

 

Notre détermination pour transformer notre groupe et le rendre plus solidaire, dans une plus grande efficacité, nécessite une volonté politique soutenue axée sur un sens élevé des intérêts de nos peuples et une appropriation de ses idéaux et objectifs par ses Etats membres. Nous devons chercher à renforcer et à réaffirmer notre unité et notre solidarité pour un rayonnement plus grand et une meilleure visibilité dans le concert des Nations et des grands ensembles transcontinentaux.

Excellence Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

 

La tâche qui nous incombe est immense et les attentes grandes. Mais je demeure convaincu qu’avec la détermination et la volonté de tout un chacun de vous, nous parviendrons à remettre debout cette organisation si chère à nos Peuples et à notre Région, afin qu’elle devienne plus efficace et plus opérationnelle pour répondre à leurs aspirations légitimes.

 

Je vous rassure que mon Pays, le Bénin, à travers ses institutions dans tous les domaines de la vie nationale, soutiendra avec engagement et ferme détermination cette œuvre de renforcement et de transformation du Groupe ACP en vue d’une coopération plus efficace avec l’Union Européenne d’une part, et une coopération plus renforcée entre les Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique d’autre part.

 

Cette coopération horizontale entre les Etats ACP est demeurée malheureusement dans un état embryonnaire malgré l’existence de l’Accord de Georgetown qui en offrait pourtant l’opportunité et le cadre institutionnel. Le groupe ACP doit s’engager résolument dans une coopération Sud-Sud entre nos Peuples partageant un héritage historique et culturel commun. Notre culture doit devenir le socle de notre unité et de notre solidarité pour demeurer ensemble et plus forts face aux défis nouveaux et à venir auxquels nous serons confrontés.

 

Il n’y a pas de doute que, quelles que soient les considérations politiques ou économiques, l’avenir de notre groupe, sa solidité, sa capacité à s’orienter de manière autonome et à prendre en compte les intérêts véritables de nos populations dépendent amplement de la relance et de l’affermissement de cette coopération horizontale.

 

Cependant, cette coopération sud-sud ne doit pas être comprise comme devant se substituer systématiquement à la coopération Nord-Sud marquée par d’importants flux d’aide publique au développement et pour laquelle le partenariat entre les pays ACP et l’Union Européenne constitue un modèle universellement reconnu.

 

Voilà pourquoi, j’appelle de tous mes vœux, une poursuite de ce partenariat sur des bases nouvelles avec l’Union Européenne au-delà de 2020. J’exprime donc le souhait du Peuple béninois et de son Gouvernement, de vous accueillir à nouveau ici, à Cotonou, en 2020 pour la signature de ce que nous pourrions appeler l’Accord de Cotonou II qui consacrera un nouveau départ.

 

Excellence Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

 

L’année 2014 ouvrira des perspectives nouvelles pour le groupe ACP et j’ai la ferme conviction que le prochain Sommet des chefs d’Etat et de Gouvernements des pays ACP qui se tiendra cette année dans la région des caraïbes insufflera à notre organisation une nouvelle dynamique. Je souhaite qu’elle soit pour nos pays respectifs, pour la région d’Afrique de l’Ouest et pour vous tous ici présents, une année de paix et de prospérité.

 

C’est sur ces notes d’espoir que je déclare ouvertes les consultations régionales pour l’Afrique de l’Ouest du Panel des Eminentes personnalités sur l’avenir de notre Groupe.

 

Vive le Groupe ACP

Je souhaite plein succès à vos travaux.

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